Dessins d'un confiné
La petite histoire
Si pour beaucoup de personnes, cette période de confinement a été une transformation radicale de la manière de vivre et de travailler. Pour l'artiste que je suis, la production étant déjà en grande partie réalisée à la maison, ce moment a été vécu comme la pose d'un verrou supplémentaire à la porte de sortie vers le monde extérieur. Il a fallu alors apprendre à vivre encore plus avec soi-même en éloignant l'appréhension du comment sera le monde d’après.
Une question c'est posée. Qu'est-ce qui me ferait le plus plaisir de réaliser? Après un retour sur mes sentiers artistiques, parfois abandonnés, c'est le dessin qui paru évident de pousser un peu plus loin. Le dessin, minutieux, pur et composé. Mais quoi dessiner ? Mon travail pluridisciplinaire m'ayant conduit à utiliser le logiciel de 3D « Blender », pour des projets aussi divers que l'animation, la composition et l'impression 3D, il me paru plaisant d'utiliser cet outil extraordinaire pour composer des mises en scène et de réaliser une image que j'allais copier au mieux. Une démarche assez opposée à celles adoptées depuis longtemps, basées sur l'inspiration du moment, le lâché prise et l’improvisation.
Les longues heures de dessin qui s'en suivirent m'ont apportées une sensation de liberté intellectuelle. Comme si l'oeil et la main travaillaient indépendamment, me laissant plonger dans l'écoute de musiques et d'émissions de radio, chose que je ne pouvais faire avant. J'en profite pour remercier France Culture.
Processus de la réalisation d'un dessin.
Le processus et la démarche de cette série sont étroitement liés. Il s’agit d'une tentative de construire un moyen de ne pas sombrer dans le virtuel. La frontière entre numérique et réel est de plus en plus diffuse dans la manière de vivre notre ère technologique. Aujourd'hui la création peut être artificielle, connectée, interactive et conserver cette état dans le nuage internet. Si l'homme s'adapte et se confond de plus en plus dans ce mode de vie assistée par ordinateur, l'inverse est vrai, car la machine apprend de l'homme. Avec la crise sanitaire du Covid-19, nous n'avons jamais été aussi connectés et par conséquent observés, fichés par l'utilisation des réseaux sociaux et le télétravail. Nous avons très certainement franchit une étape qui transformera radicalement notre notion de liberté. La science fiction de Philip K.Dick, de Georges Orwell ou encore des films comme Matrix et Brazil sembleraient bien entrer en résonance avec notre évolution actuelle. C'est pour cela qu'il me paraît vital d'extraire ma création du numérique, de la rendre organique, de la ramener sur le plan de la réalité physique. Pour cela quoi de plus réel que la main, l'oeil et le cœur. A moins que tout cela ne soit aussi qu'une illusion !